En 2018, nous écrivions que Toto était un véritable phénomène du hip hop marocain. En 2022, on met à jour : ElGrande Toto est une success story. Premier artiste marocain à recevoir un disque d’or, artiste marocain le plus écouté sur Spotify, le rappeur de Benjdia a littéralement tout cassé en 2021 avec son premier album, Caméléon. Les frontières, d’abord, en se plaçant fièrement sur la scène internationale (ElGrande Toto est l’artiste le plus écouté de la région MENA, et Caméléon compte plus de 60 millions de streams à travers le monde), mais aussi les codes de la presse généraliste marocaine : “un rappeur marocain à la conquête du monde”, titrait le magazine TelQuel, qui lui consacrait sa couverture en mars dernier. Pour la 20e édition de L’Boulevard, l’idole des jeunes revient à la maison pour un concert volcanique.

Grand gagnant en 2006 de la compétition Tremplin catégorie rap/hip hop, Mobydick a depuis tracé son chemin (1 album, 2 EP, 4 mixtapes, et des millions de vues sur sa chaîne YouTube), pour devenir l’un des rappeurs les plus respectés du game, par les nouveaux MC comme par les anciens. Son rap en français (Ma clique et moi) a laissé place à une plume en darija des plus reconnaissables (Toc toc, Mou3ella9at, Ddi Ma T3awed…). Son blase, depuis, a eu un petit frère : désormais, c’est soit Mobydick, soit Lmoutchou, selon l’envie de l’artiste. Qu’il oscille entre second degré et sujets profonds, egotrip et storytelling, mixtapes sales ou projets jazz (Mobystow), le rappeur de Rabat, à la tête du label Adghal Records, convainc un public fidèle et toujours plus nombreux. Invité par Oxmo Puccino à partager la scène de L’Boulevard en 2018, c’est solo que Lmoutchou revient enflammer cette 20e édition du festival.

Le rappeur made in El Hank est de retour sur la scène de L’Boulevard ! Après ses débuts en tant que topliner et ghostwriter pour bon nombre de rappeurs, Dollypran décide de prendre le mic en 2012. C’est probablement l’une des meilleures décisions de sa carrière : il devient ainsi l’une des figures incontournables de la trap et du drill marocains et, dès 2018, conquiert le public à travers des morceaux comme Trap trip, Taach, Senhaji, Trump et Trax. Depuis la sortie de son album Traitement et de son EP DeepMix, tous deux sortis en 2022, le rappeur au style unique cumule plus de 41 millions de vues sur YouTube.

Pour les uns, c’est une icône du hip hop marocain. Pour les autres, un rappeur à clasher dès que l’occasion se présente. Ce qui est sûr, c’est que le paysage rap du royaume ne serait pas le même sans L’Morphine (connu sous le blase M-Psy jusqu’en 2010). D’abord, parce que le natif de Salé rappe depuis 1998, et que malgré quelques moments d’introspection ou de disparition, il fait partie des lyricistes les plus pointus et les plus prolifiques du pays (187 morceaux en tout à travers ses différents projets). Admiré par ceux qui l’ont découvert à travers le collectif Piranha-Labo en 2006 ou par des MC venus après lui, à l’instar de Small X ou Nessyou, L’Morphine jouit d’une aura particulière auprès de ses pairs. Comme s’il incarnait, à lui seul, un pan majeur de l’histoire du rap marocain.

Lorsqu’il se met au hip hop, en 2008, Youssef Lgoudali le fait en darija. Cinq ans plus tard, exit l’arabe : c’est en tamazight qu’il rappera désormais, sous le blase d’Iguidr (l’aigle). Un nom de scène majestueux sous lequel le rappeur gadiri signe une mixtape (Raiss Trap, 2018), plusieurs titres à succès et un premier album, Aghilass, en 2022. Iguider multiplie également les collaborations : Dada, Nessyou, Mobydick, Inkonnu, West, Small X, Ahmed Soultan, Jubantouja… A travers son imazighen rap et trap, c’est son identité et sa culture qu’il représente, avec fierté et intelligence.